Les moyens de communication au Monastère

4 octobre 2018

De nos jours, il semble presque impossible d’imaginer un quotidien sans la technologie des télécommunications tant elle fait partie prenante de nos loisirs et de notre travail. Penchons-nous sur quelques moyens de communication employés au fil des ans par les Augustines.

Les tableaux de fonction et de localisation

Les Augustines mènent une vie bien chargée, rythmée par les observances religieuses, le travail hospitalier[1] et les différentes charges qu’on leur attribue. Des tableaux de localisation se trouvaient au monastère et à l’hôpital afin d’éviter qu’elles ne se cherchent indéfiniment dans les bâtiments. Affichant le nom des religieuses, des bâtonnets d’identifications pouvaient être placés dans des tableaux de localisation et des tableaux des fonctions.

Bâtonnets d’identifications, vers 1938.
© Collections du Monastère des Augustines, Hôtel-Dieu de Québec

Un autre tableau de localisation de l’Hôtel-Dieu de Québec servait à situer l’endroit où l’assistante de la Mère supérieure se trouvait. Elle pouvait donc déplacer un marqueur de plastique, selon le lieu où elle se dirigeait au monastère ou à l’hôpital.

Tableau de localisation de l’assistante de la Mère supérieure. Fin du 19e siècle et début 20e siècle.
© Collections du Monastère des Augustines, Hôtel-Dieu de Québec.

Du tuyau acoustique au téléphone cellulaire

Dans les Annales de l’Hôtel-Dieu de Québec de 1877 à 1888, en date du 15 décembre 1885, on fait état de diverses améliorations afin de communiquer efficacement du côté de l’hôpital : « Enfin, on a posé dans le coin des religieuses un tuyau acoustique, qui permet aux hospitalières des deux Salles du Précieux Sang de se parler sans monter ni descendre »[2].

En 1888, le docteur Michael-Joseph Ahern, chirurgien à l’Hôtel-Dieu de Québec, suggère fortement aux Augustines d’acquérir un téléphone afin de faciliter les communications entre les médecins et les sœurs. Le téléphone est installé en mars 1888. Cette décision ne sera pas regrettée par la communauté comme en témoigne l’extrait suivant:

« Nous jouissons maintenant des immenses avantages que procure le téléphone. […] Il fonctionne à merveille; et ainsi la nuit comme le jour, nous pouvons communiquer de vive voix avec Messieurs nos Médecins, qui, de leur côté nous donnent leurs prescriptions, sans être obligés de se rendre à l’hôpital, en dehors des heures fixées pour leur visite quotidienne. Cette amélioration nous coûtera vingt-quatre piastres par année. Monsieur le Docteur Ahern nous la demandait instamment, et nous comprenons aujourd’hui combien il avait raison d’insister sur ce point. »[3]

À l’Hôpital général de Québec, l’arrivée du téléphone s’est suivie d’une mise en garde de Monseigneur Marois. Une note datée du 26 janvier 1899 indique ceci:

« Dans le but d’administrer plus promptement les affaires de la Com[munauté] Mr. le notaire LaRue avait proposé de faire installer le téléphone à ses frais. […] Voici les conseils que donne Mgr Marois à ce sujet : Que le téléphone soit utilisé exclusivement pour les affaires, qu’il ne s’y fasse aucun parloir sans l’autorisation de la Supérieure, et que celles qui seraient demandées pour quelque affaire particulière, soient accompagnées d’une de leurs sœurs. »[4]

Mgr Marois craignait-il que les religieuses y prennent leurs aises et s’en servent au-delà des besoins initiaux? Il serait bien surpris d’apprendre qu’aujourd’hui, la technologie des télécommunications est bien présente dans la vie des Augustines. Par exemple, avant les travaux de réhabilitation du monastère de l’Hôtel-Dieu de Québec (2013 à 2015), les Augustines avaient – un système de télévox (comme dans certains établissements d’enseignement). Des haut-parleurs étaient placés dans la plupart des salles du monastère et quand elles recevaient un appel, la réceptionniste les interpellait au télévox. Les religieuses pouvaient se rendre au combiné pour répondre. Aujourd’hui, les téléphones cellulaires facilitent le contact avec les religieux. En effet, certaines possèdent un téléphone portable, qu’elles utilisent dans le cadre de leurs fonctions[5] ou pour recevoir des appels personnels.

Interphone de la Samuel H. Couch Company (États-Unis), début du 20e siècle. Cette unité se trouvait aux archives, alors situées dans l’aile des Remparts du monastère de l’Hôtel-Dieu de Québec. L’interphone a été utilisé jusqu’en 1951.
© Collections du Monastère des Augustines, Hôtel-Dieu de Québec.

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Aujourd’hui, Le Monastère des Augustines est un havre de paix et de ressourcement au cœur du Vieux-Québec. Lors de leur séjour en hébergement, les invités sont appelés à déconnecter du numérique. En 2018, des employés du Monastère ont tricoté des pochettes de laine pour que ces invités puissent y déposer leur téléphone portable.


[1] Bien que la plupart aient pris leur retraite du système hospitalier, certaines travaillent encore en tant qu’infirmières. D’autres continuent d’assurer une présence spirituelle à l’hôpital.

[2] Marie-Rose Coulombe de St-Raymond, Les Annales de l’Hôtel-Dieu de Québec de 1877 à 1888, volume 3, p. 449.

[3] Cité par François Rousseau, La Croix et le Scalpel, Histoire des Augustines et de l’Hôtel-Dieu de Québec. Tome I : 1639-1892, Québec, Les éditions du Septentrion, 1989, p. 248.

[4] Extrait tiré des Annales de l’Hôpital général de Québec, date du 26 janvier 1899.

[5] Pour la Mère supérieure et l’économe générale de la Fédération des Augustines du Québec.