La batterie de cuisine des hospitalières

27 février 2018

La collection léguée par les Augustines contient énormément d’objets liés à l’alimentation. La faïence française, l’argenterie et la vaisselle d’étain se côtoient dans la réserve muséale. Voici quelques trouvailles intéressantes qui nous permettent d’en apprendre un peu plus sur la vie d’autrefois en matière d’outils de cuisine.

La bassine à confiture en cuivre

Pendant le Régime français, la chaudronnerie en cuivre jouit d’une grande popularité; l’impressionnant inventaire de batterie de cuisine en cuivre des Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec en témoigne. Cette bassine à confiture faite de cuivre datant de la première moitié du XVIIIe siècle est utilisée par les religieuses jusqu’au début du XXe siècle. Cette bassine a beaucoup servi, il est même réparé avec une soudure en étain. Résistant à l’oxydation, le laiton est également employé. On apprécie sa patine et sa jolie couleur jaune (Lessard, 1994 : 154).

Bassine de cuivre

© Collection du Monastère des Augustines

Assiette en fer émaillé granité

Entre 1880 et 1930, la vaisselle d’acier émaillée entre dans les maisonnées d’Amérique du Nord. Cette vaisselle est parfois appelée « vaisselle de granit », en référence au fini rappelant parfois le granit. Au réfectoire des hospitalières de l’Hôtel-Dieu, la vaisselle en fer émaillé aurait succédé à l’étain au début du XXe siècle. Plus sécuritaire que la vaisselle d’étain qui peut occasionner une intoxication alimentaire, la vaisselle de fer émaillé est également moins lourde que la fonte et moins coûteuse que le cuivre (Lessard, 1994 : 164).

Assiette de fer émaillé

© Collection du Monastère des Augustines

Le plat en étain

Jusqu’au début du XXe siècle, l’étain et le britannia sont très employés dans la vaissellerie des communautés religieuses. Peu coûteux et facile à fondre, l’étain est très présent à leur réfectoire par modestie et par vœu de pauvreté. Fort malléable, l’étain s’use assez rapidement. Il est souvent refondu par les artisans du pays afin d’en faire de nouvelles pièces (Rousseau, 1983 : 203). Fait surprenant, la vaisselle d’étain n’est pas complètement faite d’étain. Selon Rénald Lessard, elle est faite d’un alliage de plusieurs métaux (du cuivre et de l’étain) ou de métal à point de fusion bas (comme le plomb, le bismuth ou l’antimoine). L’alliage le plus lourd contient généralement plus de plomb, ce qui est nocif pour la santé[1]. Le britannia est un alliage de plus grande qualité, fait aussi d’étain, enrichi de cuivre et d’antimoine. Il ne contient pas de plomb. On différencie le britannia de l’étain par son fini plus brillant et lustré. Cela est causé par l’absence de plomb, qui donne à la vaisselle une apparence gris sombre (Lessard, 1994 : 168).

© Collection du Monastère des Augustines

Étampe à beurre

Selon l’historien de l’art Michel Lessard, on doit probablement à l’immigration loyaliste américaine de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle l’identification et le marquage du beurre (1994 : 135). Chez les Augustines, on pouvait par exemple marquer le beurre pour souligner l’anniversaire de profession religieuse. Cette étampe à beurre, portant le nombre 25, était utilisée lors du banquet célébrant le jubilé d’argent d’une religieuse. Selon Chantal Lacombe, archiviste du Monastère des Augustines, lors du repas anniversaire, on rendait hommage à la religieuse souvent avec des chants ou des poèmes. Le plus ancien de ces chants, recensé dans les archives du Monastère des Augustines, date de 1759. Il a servi à célébrer le jubilé d’or de sœur Marie-Andrée Duplessis dite de Sainte-Hélène soit ses cinquante ans de vie religieuse. On trouve plusieurs étampes à beurre comme celle-ci dans les Collections des Augustines.

© Collection du Monastère des Augustines

 

Pour en apprendre plus sur les habitudes alimentaires des Augustines d’hier à aujourd’hui, ainsi que sur la façon dont elles géraient les fruits de la terre, nous vous conseillons ces deux articles:

Les habitudes alimentaires des Augustines d’hier à aujourd’hui d’Alix Paré-Vallerand

Gérez les fruits de la terre d’Hugues St-Pierre

Références :

Michel Lessard, Objets anciens du Québec, la vie domestique, Montréal, Les Éditions de l’Homme, 1994, p. 135, 154, 164, 168.

François Rousseau, L’œuvre de chère en Nouvelle-France, Le régime des malades à l’Hôtel-Dieu de Québec, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1983, p. 203


[1] [Précision: l’étain est un métal pauvre de couleur gris-argenté et non un alliage. L’étain figure d’ailleurs au tableau périodique sous le sigle Sn, NDLR.]