Le lâcher-prise: comment accéder à la paix intérieure?

6 janvier 2019

Avez-vous de la difficulté à gérer vos émotions ou désirez-vous simplement développer votre paix intérieure? Le lâcher-prise, un concept souvent abstrait pour plusieurs, pourrait vous aider. En effet, il est l’un des chemins à emprunter pour accéder à la paix intérieure, un élément essentiel d’une vie bien équilibrée.

Une femme en nature

Acceptez de ne pas avoir le contrôle sur tout

D’abord, la première étape de tout processus de lâcher-prise est de prendre conscience que la vie est imprévisible et que nous n’avons pas toujours d’emprise sur elle. Peu importe la situation que vous vivez, tentez d’identifier les aspects que vous pouvez contrôler, puis ceux envers lesquels vous n’avez aucun contrôle. Le lâcher-prise signifie ensuite de laisser aller votre résistance envers les éléments impossibles à contrôler. Jon Kabat-Zinn définit le lâcher-prise dans son livre Où tu vas, tu es : « C’est abandonner la contrainte, la lutte, la résistance, pour quelque chose de plus fort et de plus sain, issu de notre acceptation des événements tels qu’ils sont, sans les juger, sans être englués dans le désir. » [1] 

Ainsi, si nous ne pouvons pas changer la situation dans laquelle nous sommes, il ne sert à rien de lui résister. Il nous faut plutôt l’accueillir et apprendre à vivre avec elle, puisqu’elle fait partie de notre réalité. En effet, il est contre-productif d’accumuler des frustrations ou du stress pour des éléments de la vie envers lesquels nous n’avons pas de contrôle.

Pour ce faire, vous devez d’abord tenter d’identifier et d’accepter vos émotions. Puis, un truc à essayer est de remplir la fiche d’autoévaluation de Beck, servant à identifier vos pensées automatiques. À force de réussir à prendre conscience de ces pensées et de leur répondre rationnellement, vous éliminerez tranquillement les émotions qui grugent votre énergie et vous rapprocherez de la paix intérieure.

Femme heureuse près de la mer

Intégrez la paix à votre quotidien

Le lâcher-prise peut également être appliqué dans plusieurs situations du quotidien. Par exemple, êtes-vous régulièrement coincé.e dans le trafic? Si oui, ressentez-vous souvent une impatience et une rage bouillonner en vous?

Il s’agit d’une bonne occasion pour tenter de modifier votre attitude envers la situation. Prenez le temps de vous arrêter et de réfléchir à la situation de façon rationnelle. Peu importe ce que vous faites, vous resterez malheureusement coincé.e dans le trafic.

Voici quelques solutions qui peuvent vous aider:

  • Prenez de grandes respirations et mettez votre chanson préférée, ou encore écoutez un balado sur le sujet de votre choix. Tentez de transformer ce moment incontrôlable en moment agréable. À ce propos, découvrez le balado Respire avec moi de Laurie Chaiken, où de nombreux exercices de mieux-être sont abordés.
  • Profitez de ces rendez-vous avec vous-même pour pratiquer la gratitude, une alliée du bien-être. Vous pourriez par exemple tenter de nommer trois éléments de votre journée pour lesquels vous êtes reconnaissant.e, ou encore savourer à nouveau les moments de votre semaine qui vous ont amené du bonheur.
  • Vivez le moment présent en identifiant ce que vous voyez et ce que vous ressentez. Par exemple : un homme marche sur le trottoir, un oiseau vole, mes pieds sont froids, je ressens une tension dans le cou, etc. Poursuivez cet exercice de pleine conscience en tentant de nommer au moins dix éléments faisant partie du moment présent.
  • Pratiquez la cohérence cardiaque afin de vous sentir plus calme. Il s’agit d’inspirer cinq secondes, puis d’expirer cinq secondes, et ce, pendant cinq minutes. Pour vous aider, vous pouvez télécharger une application de cohérence cardiaque sur votre téléphone, par exemple RespiRelax, et activer le son. Un tintement retentira lorsqu’il sera temps d’inspirer et d’expirer, vous pourrez donc le faire dans votre voiture en toute sécurité.

Si, malgré tout, vous peinez à ressentir un calme intérieur lors de vos déplacements, vous pouvez également essayer des moyens de transport alternatifs et durables.

Un autre élément du quotidien nécessitant souvent un lâcher-prise est le travail:

  • Vous sentez-vous responsable de l’entièreté de la performance de votre département?
  • Lorsqu’une situation désagréable survient dans votre milieu de travail, considérez-vous parfois que votre journée est gâchée? Revenez-vous ensuite à la maison avec un stress supplémentaire?
  • Lorsqu’un collègue s’adresse à vous sur un ton peu sympathique, avez-vous tendance à croire qu’il a quelque chose contre vous? Ces pensées vous habitent-elles longtemps?

Sachez que ces pensées automatiques peuvent s’expliquer par le concept de distorsions cognitives. Une distorsion cognitive agit comme une paire de lunettes vous faisant interpréter la réalité de façon déformée, voire inexacte. Pour lâcher prise sur ces situations désagréables et vous en débarrasser petit à petit, il est important d’apprendre à identifier ces distorsions. Puis, à nouveau, la fiche d’autoévaluation de Beck peut vous aider à contrôler ces pensées automatiques : « il faut se faire l’avocat du diable et formuler des arguments qui démontrent la fausseté de cette croyance »[2].

De plus, vous pouvez essayer une technique servant à créer une coupure entre le travail et votre vie personnelle. Il s’agit d’effectuer une méditation quotidienne (elle peut être d’une durée de 5 minutes!) ou une salutation à la lune dès que vous arrivez à la maison. Cela vous permettra de décrocher et de profiter pleinement du moment présent.

En complément à l’identification des distorsions cognitives, l’art-thérapie peut aussi être une bonne façon de décrocher. Dans son livre Créer le meilleur de soi, Manon Lavoie propose un exercice de création avec insouciance. Il consiste à créer un collage sans réfléchir et surtout sans avoir d’attentes envers les résultats. Laissez aller vos mains et ne pensez pas à ce que vous faites!

Une femme qui dessine

Libérez-vous des fausses obligations

Une autre façon de nous rapprocher de la paix intérieure est de cesser de nous cramponner à la certitude que tout doit être fait sur-le-champ. Prêtez attention aux « je dois » et « il faut » dans votre discours intérieur. Avez-vous tendance à utiliser ces deux expressions dans votre vie personnelle ou professionnelle?

Réfléchissez à votre quotidien. Est-ce qu’une série d’obligations vous viennent en tête? Je dois faire l’épicerie pour la semaine, cuisiner tous les soirs pour manger des repas sains et économiques, faire le ménage, me coucher à une heure raisonnable, répondre à mes amis pour qu’ils sachent qu’ils sont importants pour moi, appeler mes parents pour prendre des nouvelles…

Si vous reconnaissez certaines de vos pensées, il est possible que vous ayez peine à vous sentir serein.e au quotidien et même que vous éprouviez de l’anxiété, ce qui est tout à fait normal. Afin de vous libérer de la charge mentale qu’occupent les obligations dans votre vie, commencez par vous poser les questions suivantes :

  • Ces tâches sont-elles réellement obligatoires? Par exemple, devez-vous obligatoirement faire l’épicerie pour la semaine? Il est évidemment essentiel de s’alimenter, mais d’autres possibilités existent, comme faire une épicerie plus petite ou encore exceptionnellement commander quelque chose à manger pour prendre le temps de vous détendre.
  • Si ces tâches sont indispensables, doivent-elles vraiment être faites sur-le-champ? Par exemple, vous arrivez de votre journée de travail et préparez le repas. Vous savez ensuite qu’il vous faudrait faire la vaisselle, mais vous n’en avez pas envie, puisque vous êtes très fatigué.e. Posez-vous la question : « qu’arrivera-t-il si je ne fais pas la vaisselle tout de suite? ». Vous verrez alors que l’obligation que vous ressentez à faire la vaisselle n’est pas essentielle, puisque vous pourrez toujours la faire plus tard. Profitez alors du moment de répit que vous vous accordez pour prendre du temps pour vous ou pour votre famille, par exemple en jouant avec vos enfants ou en lisant un bon livre.

Nous vous proposons comme défis:

  • Prêtez attention aux « je dois » et « il faut » dans votre discours intérieur et tentez de les remplacer par des « j’aimerais » (ex. je dois faire l’épicerie pour la semaine devient j’aimerais faire l’épicerie pour la semaine). Cet exercice permettra de changer votre perception des obligations, rendant les tâches à accomplir plus agréables et légères.
  • Lâchez prise sur une tâche quotidienne au moins une fois par semaine. À force de vous libérer de la pression que vous ressentez envers les nombreuses obligations et responsabilités de la vie, vous vous sentirez plus serein.e et plus en contrôle de votre existence.
Une femme en réflexion

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Bref, le lâcher-prise consiste à vous offrir une tranquillité d’esprit et un détachement envers les situations que vous vivez. Pour ce faire, il est important de vivre dans le moment présent et de relativiser nos jugements et nos réflexions spontanées sur les éléments du quotidien. Il s’agit d’un exercice qui prend beaucoup de temps et d’efforts, mais qui, une fois réussi, vous permettra de vous sentir plus léger et ainsi d’accéder à un calme intérieur essentiel à une bonne santé globale.


[1] Kabat-Zinn, Jon. 1994. Où tu vas, tu es. Éditions J’ai lu, Paris, p. 69.

[2] Ladouceur, Robert, Lynda Bélanger et Éliane Léger. 2003. Arrêtez de vous faire du souci pour tout et pour rien. Éditions Odile Jacob, Paris, p. 109.

[3] Lavoie, Manon. 2017. Créer le meilleur de soi. Éditions Druide, Montréal, p. 136-137.