S’offrir l’art pour cultiver notre bien-être

8 octobre 2019

L’art fait du bien. Voici une phrase populaire depuis les dernières années. Une phrase concise, mais chargée de sens, car il est vrai d’affirmer que l’art humanise, questionne, soulage, émeut. « L’art lave notre âme de la poussière du quotidien », disait Pablo Picasso. Pourquoi donc s’en priver?

Créer, une action essentielle

Quotidiennement, l’être humain doit faire appel à sa créativité afin de surmonter une difficulté, petite ou grande, et trouver une solution pour s’adapter à son environnement. Elle joue un rôle dans l’innovation et nous permet de transformer un obstacle en occasion favorable. Néanmoins, plus rarement, cette créativité est manifestée de façon spontanée et libre, pour le simple plaisir émotionnel. Beaucoup d’individus sous-estiment leur capacité à être créatifs et véhiculent une perception négative d’eux-mêmes face à leurs compétences artistiques. Néanmoins, comme le nomme l’art-thérapeute Pat B. Allen, la créativité se niche en chacun de nous dans l’attente d’être exprimée.

D’un point de vue biologique, la créativité interpelle l’hémisphère droit de notre cerveau. Cet hémisphère privilégie tout ce qui est synthétique telles l’imagination, l’intuition, les images, les émotions et les aptitudes spatio-temporelles. Quant à notre hémisphère gauche, celui-ci contrôle davantage les fonctions analytiques, c’est-à-dire notre pensée linéaire et notre logique. Dans une société occidentale comme la nôtre où la performance règne, l’hémisphère droit tend à être moins sollicité. Créer permet ainsi d’augmenter notre activité cérébrale afin d’honorer et d’exprimer pleinement notre humanité.

Contempler l’art, un acte bienfaisant

L’histoire de l’art est le domaine m’ayant permis de ressentir, pour la première fois, tous les bienfaits de l’art en m’abandonnant à observer, durant de longues minutes, une œuvre dans le but de rendre vivants, sous mes yeux, les couleurs, les formes, les personnages. Ayant travaillé dans une institution muséale québécoise, j’ai également pu devenir le témoin privilégié de l’intimité des émotions des visiteurs et de leur vécu. Comme je pouvais souvent le constater, les visiteurs semblaient s’immiscer corps et âme dans une œuvre qui suscitait en eux de vives émotions, tentant d’en comprendre le sens, mais également de tisser des interprétations avec leur vécu.

Publiée en 2011, une étude du neurobiologiste et professeur Semir Zeki met des mots sur ces expériences vécues[1]. En effet, ce chercheur s’est intéressé à l’activité cérébrale de volontaires au moment de contempler des œuvres d’art que ces derniers jugeaient appréciables. Ainsi, Zeki a pu dresser des similitudes entre les effets psychologiques ressentis lorsque nous sommes amoureux et l’observation d’une œuvre d’art. En d’autres mots, le cerveau, plus précisément le cortex orbitofrontal, réagit de la même façon en libérant de la dopamine, que nous soyons en amour ou lorsque nous contemplons une œuvre d’art. Fascinant n’est-ce pas?

Les bienfaits de lart

Énumérer tous les bienfaits de l’expérience artistique serait un exercice fastidieux et unique à chacun. Néanmoins, nous pouvons affirmer que la créativité nous offre une avenue afin de communiquer différemment. L’art permet de nous exprimer, d’extérioriser nos émotions, d’améliorer notre estime de soi, de stimuler notre curiosité, de favoriser l’intériorisation, d’améliorer notre concentration, de réduire notre stress et de briser l’isolement, pour ne nommer que ceux-ci. L’art peut être expérimenté pour tout individu curieux sans égard pour l’âge, la condition physique et mentale, et l’expérience artistique.


[1] Alleyne, Richard. Viewing art gives the same pleasure as being in love. The Telegraph, 8 mai 2011.